vendredi 31 mars 2017

Bientôt la floraison

Regardez le figuier et tous les autres arbres.
Dès qu'ils bourgeonnent,
vous savez de vous-mêmes que l'été est proche.

Luc 21, v. 29-30



Pressentir l'évidence
Bouillon de clarté
Ebullition de vie

Voir dans le monde éclôt
Les parcelles inconnues
Enfouies
Dans trop de tristesse
Trop de détresse



~



Viens Printemps!
Viens dans ton souffle
Caresser les bourgeons
Éveiller le feu
Le crépitement essentiel

Viens Printemps!
Viens par ton soleil
Etreindre les corps
Murés de paresse
Assoiffés de tendresse



~



Chaque saison dans son rythme
Porte l'espérance hors des cryptes
Bientôt le renouveau
La mort relevée

Les couleurs du monde
Sont les vitraux d'outre-tombe

Ce qui brille
Ne cesse d'éveiller
Ce qui dort
Ne cesse d'espérer



jeudi 30 mars 2017

Le signe des bourgeons


Il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles.
Sur la terre, les nations seront dans l’angoisse,
rendues inquiètes par le bruit violent de la mer et des vagues.

Luc 21, v.25





Des signes

dans les cieux
et sur la terre

annonçant la fin

ou plutôt
le commencement

d’une nouvelle ère



~



Le soleil rayonnera
en Alléluia

La lune menera à la baguette
le feu d’artifice final
des étoiles

La mer et les vagues
danseront
comme jamais auparavant



~



Le soleil sera froid

La lune aura des sanglots
les étoiles se transformerons
en larmes

La mer et les vagues
gémiront
comme jamais auparavant



~



Un voile de mystère
entoure la fin des temps

Peut-être
pour ne pas
qu’on s’y attarde

L’essentiel
c’est le maintenant



~



Le Printemps
est entré à Jérusalem
sur un âne

comme il est entré
dans nos jardins
pour les faire fleurir



~



Pâquerettes, crocus et primevères
Foi, espérance et amour

Leur as-tu laissé un espace
pour qu’elles puissent aussi
fleurir en toi


Merles, moineaux et mésanges
chantent tes louanges

Leur as-tu laissé un espace
pour qu’ils puissent aussi
psalmodier en toi



~



Ouvre la fenêtre
regarde dans le jardin

tant de petits signes
ici et là

humbles annonciateurs
de la résurrection



~



La nature est l’évangile caché.
Père Porphyre




mercredi 29 mars 2017

Préparer l'écriture

Par votre persévérance,
vous sauverez votre âme.

Luc 21, v. 19



Un mince sillon
Nourri de rimes
Serpente monts
vallées et plaines
quotidiennes



~



Voici qu'il grimpe
Surmonte un obstacle
Déniche la prise
La surprise
Dans la rocaille foisonnante

Voici qu'il grimpe
S'agrippe aux reliefs
L'aspérité accroche sa peau
Le parchemin s'érafle
Piqué au vif
De sa veine s'écoule
Un sang d'encre
et de larmes



~



Voici qu'il descend
L'inspiration dans ses voiles
Tout roule
L'ordre et le sens
Les sons chamboulent
Une mélodie diffuse et mineure

Voici qu'il descend
Vertiges et haut-le-coeur
L'arrachent aux vents contraires
Il tient fermement
Au graphite de son bâton



~



Un mince sillon
Nourri de rimes
Serpente monts
vallées et plaines
quotidiennes

À sa suite
Deux poètes
Devant lui
Un chemin de foi
Un chemin de croix
Un chemin vers Toi



mardi 28 mars 2017

Deux petites pièces


Il vit aussi une veuve pauvre
qui y mettait deux petites pièces de cuivre.

Luc 21, v.2



Deux petites pièces de cuivre
Deux humbles miettes
Deux pépites inestimables



~



L'important
n'est pas la quantité
mais le coeur
avec lequel tu donnes



~



Quand Il regarde
autour de lui

Il ne voit pas seulement
le riche, le puissant

Il voit aussi
surtout
le pauvre, le fragile

Dans son regard
aucune distinction

seulement un Amour
qui veut casser toutes barrières

rappelant ainsi
que la Grâce de Dieu
est pour tous



~



Remets à Celui
qui t'a créé

les dons
qui sont les tiens

Ceux-là même
qui te font vivre

Il saura leur faire
porter du fruit

pour le jour
des récoltes



~



Avec de la poussière
Il a créé l'homme

Avec cinq pains et deux poissons
Il a nourrit cinq mille personnes

Avec deux petites pièces de cuivre
Il saura encore te surprendre



~



Un souffle de silence
une brindille de confiance
et un zeste d'amour

C'est tout ce dont tu as besoin
Dieu des petits riens






lundi 27 mars 2017

Conversion au présent

Jésus leur dit:
Comment peut-on dire
que le Christ est fils de David?

Luc 20, v. 41



C'était mieux avant

La clarté du soleil
La nuit voilée d'étoiles
Le coeur rompu
À la juste éducation

C'était mieux avant

Le bonjour matinal
L'évidence du travail
Les liens de parole
Nourris de bon sens

C'était mieux avant



~



Maintenant

Les visages obscurs
L'horizon embrumé de doutes
Les sourires retenus
Réservés à quelques fidèles

Maintenant

Le gaspillage de l'instant
Du bonheur éphémère
L'orgasme fanatique
Comme carotte et bâton

Maintenant



~



Pour demain

Je ne veux
Ni nostalgie
Ni destin
Juste l'héritage
Des jours incertains
Des souvenirs sereins

Pour demain

Je ne veux
Ni regrets
Ni attaches
Juste le remord confiant
Que c'était mieux avant
Mais que ce sera mieux

Pour demain




dimanche 26 mars 2017

Nicher au creux de Ton coeur



Dieu du ciel et de la terre
je m’émerveille de Ta création

J’aime y cheminer
et y trouver ma juste respiration

J’aimerai pouvoir l’habiter
comme le moineau
Nicher au creux de Ton cœur
mon Dieu très-haut

Heureux ceux qui te sont proche
et dont la vie te chante

Heureux ceux pour qui 
Tu es la branche accueillante
entre chaque envol

Quelles que soient les intempéries
le défilement des saisons
auprès de Toi ils s’enracinent
et apprivoisent Ton firmament

Dieu du ciel et de la terre
je te confie ma prière
et je sais que tu l’entends

Le printemps annonce
Celui dont le cœur
ne fanera jamais

Oui, un seul jour dans ton jardin
est une miette qui me suffit entre mille 
C’est à travers tes pâturages
et tes forêts que je veux virevolter

Ta Bienveillance n’a pas d’égal
Toi la Source qui ressource
celui qui chemine à tes côtés

Dieu du ciel et de la terre
heureux celui qui se laisse porter
par ta grâce insaisissable

Inspiré du psaume 84



samedi 25 mars 2017

Le livre vivant

Dieu n'est pas le Dieu des morts,
mais des vivants,
car pour lui tous sont vivants.

Luc 20, v.38



Entre mes mains fébriles
Repose le manuscrit
Trace fragile
De rêves
D'amour et de misères
D'un peu de vie
Aussi


Entre mes doigts aveugles
La fine couche de papier
Caresse mes élans
Mon désir
Passion captive
Du sillon imprimé


Devant mes yeux transis
La silhouette de l'encre
Obsédante
Geôlière lascive
Du récit de mes nuits
De la fable de mes jours


Devant ma bouche amnésique
Les mots guettent l'éclair
La blessure ardente
Passerelle du réel et du songe



~



Contre ma peau prévenue
Le frisson du cuir
Le mystère sous couverture



~



Au seuil de mon oreille
Le refrain bienveillant
Du réveil

Intolérable cri
Brisant fougue et torpeur

Juste entre deux
Ni le trop
Ni le peu

La vie entière
Profonde
Palpitante

La mort en terre
Sans pouvoir
Ses cendres expirant
Les effluves de l'espoir



vendredi 24 mars 2017

Pile ou face

Il leur dit : « Eh bien !
rendez à César ce qui est à César,
et à Dieu ce qui est à Dieu. »

Luc 20, v.25




Quoi de mieux
pour piéger Jésus

qu’une question brûlante
sur l’argent


Ils repartiront
étonnés et silencieux

Il n’avait pas
de porte-monnaie



~



Il ne juge personne
sur les apparences

mais Il sait démasquer
la ruse camouflée

Il laisse venir à lui
Il accueille

Son cœur ouvert
comme le ciel
à la météo de tout homme



~



Souvenez-vous
« Votre cœur sera toujours là où sont vos richesses »

Rendez à César ce qui est à César
et à Dieu ce qui est à Dieu

Souvenez-vous encore
« Aucun serviteur ne peux servir deux maîtres… »

Rendez à César ce qui est à César
et à Dieu ce qui est à Dieu

La répétition est pédagogique
paraît-il



~



Je fais le tri, l’inventaire
de ce que je dois rendre
à l’un et à l’Autre

Je découvre avec étonnement
qu’une seule pile se constitue

D’un coté
le matériel humain
ma montagne de soucis

De l’autre
l’immatériel de Dieu
ce Souffle inencombrant

J’ai tant à rendre à l’un
et si peu à l’Autre


~



Ce Souffle que j’étouffe
en possédant plus qu’il n’en faut
m’empêche de respirer véritablement


Je garde le silence
face à Celui qui m’accueille
si pauvre soit mon cœur 



~



J’ai enlevé beaucoup de choses inutiles de ma vie
et Dieu s’est rapproché pour voir ce qui se passait.

Christian Bobin




jeudi 23 mars 2017

Qui s'y frotte...


Les chefs des prêtres et les spécialistes de la loi
cherchèrent à mettre les mains sur lui au moment même,
mais ils redoutaient les réactions du peuple.
Ils avaient compris que c'était pour eux
que Jésus avait dit cette parabole.

Luc 20, v. 19



Tu vois ces mots 
Vifs et piquants
Au vol harmonieux

Ces paroles qui fredonnent
Le bourdonnement intime
De ce qui fait mouche



~



Ne bouge pas
L'essaim passera

Reste tranquille
L'âme au repos

Insensible et supérieur
À la piqure vitale

Loin des secousses
Du choc évangélique

Les statues rayonnent
Dans leur gloire minérale



~



Cet ennemi dans ta lutte
Se passerait bien de toi

À trop combattre
Le nuage inquiétant
Le vide entre les dards
Résulte l'oubli
De son infime nuisance



~



Cherche à le détruire
Au risque de la rencontre

Le venin dévorant
Déloge parfois
Fiel et torpeur
Qui rongent notre intérieur



~



Aïe!
La Parole réveille

Ouille
La prudence s'envole



mercredi 22 mars 2017

Un chemin de questions

Les chefs des prêtres et les maîtres de la loi
survinrent alors avec les anciens et lui demandèrent :
« Dis-nous de quel droit tu fais ces choses,
qui t’a donné autorité pour cela ? »
Jésus leur répondit : « Je vais vous poser une question, moi aussi.
Dites-moi : qui a envoyé Jean baptiser ? Est-ce Dieu ou les hommes ? »

Luc 20, v.2-3-4





Ils ont soif d’autorité
Lui la revêt comme personne

Ils souhaitent contenir et maîtriser
Lui souhaite simplement aider
chacune et chacun
à devenir auteur de sa propre vie

Ils veulent des réponses
qui permettent de rester assis
confortablement au soleil

Il préfère les questions
qui permettent de cheminer
encore et toujours
à travers tous les temps de la vie



~



Face au Chemin
ils restent immobiles
figés dans leurs certitudes
qui ont pris la poussière
avec le temps

Lui met
hommes et femmes
en marche
simplement en disant
« suis-moi »



~



Face à la Vérité
ils posent des pièges

Ils disent qu’ils ne savent pas
eux les sages et les intelligents

Lui annonce le Royaume
comme les oiseaux et les fleurs
annoncent le printemps

Il se réjouit
d’être accessible
aux petits et aux humbles



~



Face à la Vie
ils n’ont qu’un souhait
le voir mort

Ils préfèrent prendre soin des cendres
plutôt que d’entretenir la flamme

Lui questionne
ne cesse de marcher et de semer

Il sait mieux que quiconque
que chaque instant est un berceau
où Dieu peut voir le jour
que chaque instant est une parcelle
où le Divin peut fleurir



~



Questionner est une bonne chose
mais qu'elle est ta soif véritable

Cherches-tu
à apprendre et à te laisser surprendre

ou cherches-tu à comprendre
et à vouloir tout maîtriser par toi-même ?




mardi 21 mars 2017

Être chez soi

Jésus entra dans le temple
et se mit à en chasser les marchands.

Luc 19, v. 45


Tant de temples
Bâtis de poussière et de rêves

Tant de lieux
Élevés de désirs et de chair

Tant de corps
Habités de grandeur et d'illusion



~



Le voici qui s'approche
Dans la foule et la rumeur

 Onde de choc
Traversant les murmures
Esprit brûlant
Qui réveille les blessures
Désinfecte la morsure

Les secousses de son passage
Laissent entendre
Le cliquetis rassurant
Des équilibres rompus
Des balances immobiles



~



C'est un geste de tendresse
Qui abaisse les frontières

C'est un geste de violence
Qui déloge l'infectieux



~



Son message est simple
Délicat
Bouleversant

Son passage est précis
Perçant
Orienté

Son Royaume est pure grâce
Sans calcul et sans dette
Notre temple est pure trace
De sa promesse et ses dons



lundi 20 mars 2017

Jubilation minérale

Jésus répondit :
« Je vous le déclare,
s’ils se taisent,
les pierres crieront ! »

Luc 19, v.40




Au coeur des rocs
les plus durs

se cachent souvent
un quartz étincelant



~



Il y a des émotions
profondes et véritables
qu’on ne peut pas taire

comme les chants d’oiseaux
lorsque le printemps
s’installe sur la terre



~



La joie de certains
suscite colère à d’autres

les mêmes qui n’ont
jamais su se réjouir

à tel point désormais
que l’eau déborde du vase

Une fois de plus
Ils L’interpellent

Une fois de plus
Il a réponse à tout



~



Du haut de son petit âne
Il traverse la foule

comme on traverse
un jardin fleuri et coloré

Jubilation, allégresse
les manteaux remplacent les confettis

Dans le ciel bleu pourtant
déjà l’orage menace

Du haut de son petit âne
Il entre dans la ville

comme on entre
dans un nuage de grêle



~



Il n’a pas peur
de la météo

les changements de temps
Il connaît

Lui dont la parole
calme les tempêtes

Lui dont la parole
déclenche les bourrasques



~



Les pierres sont
les cris des hommes
à jamais emprisonnés

Quelles sont celles
sur ton chemin
qu’il te faut libérer ?




dimanche 19 mars 2017

Chant d'un vagabond royal dont le manteau de folie voilait mal la sagesse


  Que ma bouche ne souffle
que l'éternité bénie
 
Que mon âme ne respire
que l'air du Royaume
 
Que mes oreilles n'entendent
que la joie espérée
 
Que mon chant me rapproche
de la grandeur de Dieu

~

Ma quête de l'Eternel bute sur mes silences
Mon cri de détresse ne récolte que l'écho
La réverbération me rassure
 
Mon regard se lève vers lui
Rencontre la joie et balaie le trouble
L'écho cède à la paroi
 
Mes pleurs et mes larmes ruissellent vers l'oubli
Sa présence me rappelle
Je remonte le flot
Évite la noyade
 
Je vis dans sa grotte
Avec tous mes semblables
L'inquiétude disparaît
Dans le rocher divin
 
~

Voici mon refuge
Mon roc
Mon soutien

Le manque ne tarit
Que l'absence de demain

C'est aujourd'hui
Que sa Vie m'est offerte
C'est aujourd'hui
Que son bras me rejoint

Je crie ma plainte
À m'en briser les poumons
Hors de moi elle n'est rien
Qu'un malheur illusoire

Les paroles mortifères
Lacèrent mes résistances
Le baume des mots tendres
Me panse l'existence

~
 
L'Eternel est le phare
Qui balise mon désert
 
L'Eternel est l'écrin
Qui apaise mes angoisses 
 
L'Eternel est la promesse 
Qui apprivoise mes doutes
 
L'Eternel est le temps
Qui ranime mes errements
 

 
Inspiré du Psaume 34 

samedi 18 mars 2017

Le vrai trésor

Un autre serviteur vint et dit:
"Maître, voici ta pièce d'or,
je l'ai gardée cachée dans un mouchoir."

Luc 19, v.20




Voici ta pièce d'or
je te la rends

je préfère être pauvre
et proche de Dieu

que riche
et proche de l'illusion



~



Tu sembles plus préoccupé

à faire fructifier l'argent
que les relations humaines

que c'est triste



~



Je me souviens de cet homme
qui est passé un jour

Il ne m'a pas donné de pièce
mais le trésor de son amour

"Heureux les pauvres"
a-t-il proclamé

Toutes tes pièces
vont te ruiner



~



Il n'avait pas la moindre
richesse à donner

pourtant Il a enrichit le coeur
de tant de personnes

Il savait que le vrai trésor
n'est pas fait d'or et d'argent

mais de solidarité, d'amour
et de dépouillement



~



Le peu que j'ai
tu me l'enlève
en croyant m'anéantir

Tu ôtes
sans le savoir
une pierre

permettant
à l'eau de la Source
de mieux couler


Tu me libères
au lieu de m'enchaîner



~



Non, non, pas acquérir.
Voyager pour t'appauvrir.
Voilà ce dont tu as besoin.

Henri Michaux




vendredi 17 mars 2017

Autour de l'écorce

En effet, 
le Fils de l'homme est venu 
chercher et sauver 
ce qui était perdu.

Luc 19, v. 10



Il n'était pas grand

Le poids des années
Soutenu par ses frêles épaules

 Des membres comprimés
Reclus

Sa musculature bagnarde
Des barreaux osseux
Soutien docile
De son âme recluse

Tout son corps labouré et captif
Des regards appuyés et tranchants
De celles qui savent
De ceux qui peuvent



~



Sa maison était petite
Mais sa parcelle énorme

Les murs agrandis
Pour écarter la rudesse
D'un réel menaçant 

Pour contenir
Préserver
Le douillet nourricier

Toute sa demeure bâtie
Sur des craintes et regrets



~



La soif d'un regard
Survolant son nid
Contemplant sa vie

La faim d'un geste
Redoutant l'immobile
Élevant le profil



~



Voici un pas qui s'approche
Voici un visage qui accroche

Les frontières tremblent
Les limites se détendent

Il reste petit
Mais le souffle le redresse

Il rejoint son nid
Mais abat la forteresse



~



Peut-être sauvé
Enfin recherché




jeudi 16 mars 2017

En marge

Jésus approchait de Jéricho.
Or, un aveugle était assis
au bord du chemin et mendiait.

Luc 18, v.35




Quand je me penche
humblement
au bord de mon cœur

Lui se penche
tendrement
au bord de son Ciel

se vit alors
en marge du temps
la Rencontre



~



Il passera
sois-en certain

au bord du chemin
au bord du lac
au bord de l’horizon

au bord de la table
au bord du divan
au bord de la fenêtre

au bord du silence
au bord du temps
au bord de la vie

Il n’y a pas un endroit
où le Souffle ne circule



~



L’important
n’est pas au centre
mais dans la marge

ce petit espace
loin de tout regard



~



Quel que soit le trafic
la qualité de l’air
le bruit infernal

en bordure d’autoroute
aussi
le printemps s’installe

les primevères
ont le sourire
toujours cordial



~



En ce temps-là, les boiteux, les aveugles
t’imploraient sans cesse au bord de la route
et tu les guérissais. Aujourd’hui c’est nous
infirmes, qui marchons au milieu de la foule
et toi qui attends sur notre passage
pour échanger le jour contre nos rêves
l’avenir contre nos chagrins d’enfant
si nous voulons faire un pas de côté
comme on sort du chemin pour cueillir une fleur

Jean-Pierre Lemaire



mercredi 15 mars 2017

L'esclavage rompu

Ceux que j'ai fait sortir d'Egypte sont mes serviteurs; 
ils ne doivent pas être vendus comme esclaves.

Lévitique 25, v. 42



 Dans l'humble service
Le goût subtil
D'un geste de liberté



~



Dans le glorieux service
La reconnaissance fine
De la frontière divine



~



Dans le volontaire service
Le sentiment confiant
De sa juste place



~



Ma volonté
Est d'appartenir
Sans doute ni regret

Ma gloire
Est d'exister
Dans la brume terrestre

Mon humilité
Est de suivre
La soif du Divin



mardi 14 mars 2017

Laisser le sol se reposer

Quand vous serez entrés
dans le pays que je vais vous donner,
vous laisserez périodiquement
le sol se reposer en mon honneur.

Lévitique 25, v.2





La Création est une épicerie
où rien n’est emballé

où tout est là
à disposition
en vrac

à portée de main



~



Contemple-la
avec attention

Regarde-la
vivre et se déployer

mais n’essaie pas
de la saisir



~



N’arrache pas
ce que tu es incapable de créer
de tes propres mains

Toutefois cueille
avec le bocal de ton cœur
ses beautés et sa sagesse

Nourris-en toi
pour que ton terreau intérieur
devienne à son tour
tendre et fécond



~



Cette terre
que tu prends dans tes mains

as-tu conscience
que son histoire
est bien plus vaste que la tienne

qu’elle te relie
au mystère même
de la genèse



~



Laisser le sol
se reposer

Retrouver
le Souffle initial

Celui qui
de la terre même
a formé l’être
que je suis





lundi 13 mars 2017

Gravir l'expérience

Lève-toi devant les cheveux blancs, 
et honore la personne du vieillard, 
et crains ton Dieu; 
Je suis l'Eternel.

Lévitique 19, v.32 




Viens à la montagne
Viens sur les sommets enneigés

Entre front nuageux
Et front dégarni

Tu trouveras des perles
Enfouies
Dans l'agglomérat du temps



~



Cherche la grande montagne
Celle qui couve le quotidien
Par son ombre imposante
Celle qui intimide
Par sa stature impassible

Il te faudra être robuste
Fier et debout
Pour gravir ses arêtes
Pour enfin voir
Ce que son vécu contemple



~



Cherche la montagne accueillante
Celle dont le flanc est doux
Dont l'accueil n'a d'égal que son sol
Tout y est fertile
Tout y est ressource

Il te faudra être tendre
Ému et bienveillant
Pour l'approche fragile
Sans bagage et sans poids
Qui t'ouvrira à sa joie



~



Pose ton corps sur le roc
Laisse ton âme se dorer
Au soleil retenu
Dans la roche éternelle

Deviens la pierre
Où repose le royaume

Ton guide saura naître ton chemin



dimanche 12 mars 2017

La transfiguration de Jésus selon Jean


Ce soir, en regardant les étoiles, elles me sont comme familières. La nuit ne me fait désormais plus peur. 

Je médite. Je prie. Je repense à ce que j’ai vécu aujourd'hui.
J’attends qu’une parole me soit donnée pour mon carnet de route.

Dans ce profond silence, c’est comme si j’entendais les étoiles murmurer… peut-être sont-elles les éclats éparpillés de cette lumière, si vive, entrevue tout à l’heure au mont Thabor ?

Tout s’est passé si vite. Pourtant, tout fut comme figé, suspendu dans l’instant, semblable à une étoile filante, porteuse d’éternité dans sa fulgurance même.

Avec Pierre et mon frère Jacques, nous nous sommes mis en marche ce matin avec Jésus. Il appréciait se retirer dans les hauteurs pour aller prier et se recueillir, loin des foules et plus proche du ciel.

Arrivés proche du sommet, effectivement nous étions loin de tout.
J’observais la flore encore balbutiante en ces jours d’avant-printemps. Je dis alors à Pierre et à Jacques :  « D’ici une semaine, si le soleil est clément, tout sera en fleur ».
Ils ne dirent rien, chacun méditant de son côté. Jésus, quant à lui, me regarda et sourit, il avait entendu les mots que je venais de prononcer.

Quelques instants plus tard, tandis que je contemplais le paysage, la lumière commença soudain à changer. Me tournant vers Jésus, je le vis comme jamais auparavant. Il resplendissait comme une goutte de rosée traversée par le soleil.
Sans savoir comment, deux hommes le rejoignirent et se mirent à parler avec lui. Selon Pierre, tout agité, il s’agissait de Moïse et Elie.

Puis, du ciel, une voix se fit entendre. Elle me remplit à la fois de joie et de crainte. C’était celle que Jésus était le seul à entendre, celle de son Père, celle du Très-haut.
Avec Pierre et Jacques, nous avons eu alors le même réflexe. Nous nous sommes jetés visage contre terre.

Quelques secondes plus tard, Jésus s’approcha de moi et me toucha l’épaule. Rassuré par ses paroles, je me remis debout.

Je pris le temps de contempler autour de moi et découvris avec étonnement que les pâturages du Thabor était recouverts de cyclamens, à la fois blancs, roses et violets. 

Je tendis mon regard vers Jésus et il me fit le même sourire que quelques minutes plutôt.

Tout cela est si mystérieux. Tout cela m’échappe. Cependant cette parole résonne en moi tandis que les étoiles crépitent. Je la note dans mon carnet :
« Cette lumière était la seule lumière véritable, celle qui vient dans le monde et qui éclaire tous les hommes. »

Relecture de Matthieu 17, v.1-9

samedi 11 mars 2017

Une parcelle du Royaume

Parle à toute la communauté des Israélites et dis-leur : 
Soyez saints, 
car je suis saint, 
moi l'Eternel, votre Dieu.

Lévitique 19, v. 2



Aujourd'hui
L'horizon me cache encore
Les cris et les larmes
Des peuples écorchés

Aujourd'hui
Le ciel me tremble
Les nouvelles secouent
Mon sursis d'ivresse
Mon souci d'allégresse



~



Puis-je opposer la joie
À la crainte du lendemain

Dois-je délivrer la tristesse
Pour noyer la violence



~



Le lointain m'intrigue
Le prochain m'inquiète

Je sens le cynisme
Le silence
La méfiance

Tout est captif
Par sourde inconscience
Par liens de murmures



~



Puis-je fendre l'horizon
Lézarder le voile
Offrir 
Au prochain
Les larmes du lointain
Au lointain
Le refuge du prochain

Dois-je produire
La tendre illusion
D'un toit partagé
D'un surmoi libéré



~



Entre promesse et réponse
Ta Parole fraye son chemin
Me nomme saint
Me retranche

Être à part
Gardé par Dieu
Dans l'enclos d'espérance



~


J'entends ta voix
 L'empreinte du berger
Par ta sainteté
Tu demeures en moi
Par ma sainteté
Je demeure en toi

L'horizon loin des pieds
Mais à portée de main
Accueillir le prochain
Espérer au lointain

Ouvrir aujourd'hui
Les semailles de demain