dimanche 16 avril 2017

Miettes pascales


Elles ne savaient qu'en penser,
lorsque deux hommes
aux vêtements brillants
leur apparurent.

Luc 24, v.4



Christ est aube

Il est promesse d'horizon
fécond aujourd'hui
pour fleurir vers demain

Il est vraiment aube



Christ est passion

Il est cet amour
ardent et insatiable
qui veut t'étreindre

Il est vraiment passion



Christ est poésie

Il est goût du réel
sur la langue
avide de Parole

Il est vraiment poésie



Christ est surprise

Il est simplement
comme un trèfle à quatre
celui qui t'étonnera toujours

Il est vraiment surprise



Christ est printemps

Il est renouveau éternel
sève éclatante
dans le songe de l'écorce

Il est vraiment printemps



Christ est artiste

Il fait discrètement
de tout ce qu'il effleure
un chef d'oeuvre

Il est vraiment artiste



Le Christ est ressuscité !
Il est vraiment ressuscité !



samedi 15 avril 2017

Entre-deux

il descendit le corps de la croix,
l'enveloppa dans un drap de lin,
et le déposa dans un tombeau
qui avait été creusé dans le roc,
un tombeau dans lequel
on n'avait jamais mis personne.

Luc 23, v.53




Jour de silence
jour de deuil

Jour où tout s'arrête
sauf les larmes

qui perlent
encore et toujours



~



Jour de solitude
jour de mémoire

Jour où tu te souviens
du chemin parcouru

pas après pas
encore et toujours



~



Jour de prière
jour de contemplation

Jour où tout autour de toi
bourgeonne et s'éveille

Le Printemps naît
encore et toujours



~



Jour d'espérance
jour de passage

Jour où se prépare
la grande surprise

Dieu innove
encore et toujours






vendredi 14 avril 2017

Chemin de croix

Il dit à Jésus:
Souviens-toi de moi,
quand tu viendras dans ton règne.

Luc 23, v.42



I. Jésus au jardin de Gethsémané

Un souffle discret
Dans les feuilles marionnettes
Son cœur est prêt
Son corps tremble


~


II. Jésus trahi par Judas et arrêté

Il regarde
Retient une larme
Perçoit un reflet déçu
Dans l'éclat du baiser


~


III. Jésus condamné par le Sanhédrin

Toute une foule
Hurlante d'illusion
Besoin de briser la vie
Pour mourir l'inconfort


~


IV. Jésus renié par Pierre

Voici un ami
Fidèle promeneur
Sur tant de chemins
Et tant de destins

Pourtant la peur
Dans sa puissance discrète
Eteint le lien
Dans un feu intérieur


~


V. Jésus jugé par Pilate

Rencontre surprise
Le puissant s'émerveille
Mais sombre ses mains
Dans le vacarme commun


~


VI. Jésus est couronné d'épines

Geste inconscient
Porteur de lointain
Blottis dans la couronne
L'espérance qui bourgeonne


~


VII. Jésus prend sa croix

Du tronc de Jessé
À la poutre morte
Ultime bricolage
Du divin passage


~


VIII. Simon de Cyrène aide Jésus à porter la croix

Voici le lointain
Aussi perdu que le prochain
Sa main sur le bois
Apaise le poids
Et rassure la foi


~


IX. Jésus rencontre les femmes de Jérusalem

Dans le torrent des larmes
Des cris féminins
La poussière plaintive s'écoule
Sa fuite entre les dalles
Révèle une joie
Un espoir fluvial


~


X. Jésus est cloué sur la croix

La douleur s'échappe
Le geste retenu
En brisant son corps
Son Esprit s'en libère


~


XI. Jésus promet son royaume au bon larron

Ni demain
Ni jamais
Mais ici
Maintenant
Le paradis promis
Immédiat
Souverain


~


XII. Jésus confie sa mère à Jean

La mère modèle
Oriente son chagrin
Vers le disciple fidèle
Demeure des germes de demain


~


XIII. Jésus meurt sur la croix

Un dernier soupir
Brillante impulsion
Du souffle éternel


~


XIV. Jésus est mis au tombeau

Enfin le repos
La rumeur au silence
L'espérance saura
Vibrer chez chacun





jeudi 13 avril 2017

Enracinement céleste

Car si l'on traite ainsi le bois vert,
qu'arrivera-t-il au bois sec ?

Luc 23, v.31




Face à la souffrance
qui l'attend

face au supplice
de la croix

la poésie porte
son interpellation

Il sait toujours
trouver les mots
pour étonner

et faire prendre
conscience



~




Lui le rameau
de la souche de Jessé

Lui l'arbre de vie
aux fruits de toutes saisons

Les braconniers de la Loi
vont l'abattre



~



Ils pensent
s'en débarrasser

l'arracher de cette terre
qui l'a nourrit et conduit

l'oublier dans une pièce
noir et froide
sans lendemain



~



Ce qu'ils n'ont
toujours pas compris

C'est que son enracinement
n'est pas ici-bas

mais au ciel



~



L'arbre qui plie
sous le poids

de la torture
et de la haine

L'arbre qui va être terrassé
et laissé de côté
dans les broussailles de la foi

n'a pas dit son dernier mot



~


Il n'expirera pas

D'ici quelques jours
Il bourgeonnera à nouveau

porteur d'une floraison à venir
sans précédant





mercredi 12 avril 2017

Entre brise et débris

Cependant,
ils insistaient à grands cris,
demandant que Jésus soit crucifié,
et leurs cris l'emportèrent.

Luc 23, v. 23



Triste vacarme
de la foule néophyte

Sourde aux promesses
Au-delà des pourquoi

Le coeur durci
Le regard troglodyte

Seuls les débris
D'une liberté de joie
Pour répondre
Au confort
Sur son lit de désarroi



~



Sombre vacarme
de la foule instruite

Pavée de raison
De fiel et de sanction

Les cendres d'un désir
Nostalgique d'ambition
Recouvrent la voix
Le balbutiement timide
D'une réalité d'enfant

~

Terrible vacarme
de la foule tremblante

Dans l'oubli de soi
Le rappel de l'autre

Les rafales illusoires
Eparpillent les soucis
Instant de calme
De paix
La poussière sous le tapis

Mais sur le sol boiteux
Encombré d'artifices
De chimères de répit
La paix trébuche
S'enflamme et condamne



~



Inévitable vacarme
de la foule impuissante

Victime du passé
Du poids chargé de bruit
Trainant le boulet
D'une liberté bagnarde

Si seulement la Grâce
Pouvait hurler plus fort
Mais son souffle est ténu
Son langage
Poésie




mardi 11 avril 2017

Paradoxe



Pilate s'adressa alors aux chefs des prêtres et à la foule:
"Je ne trouve aucune raison de condamner cet homme."

Luc 23, v.4




Son casier judiciaire
est un ciel bleu
sans nuage

Pourquoi donc
dans la foule
gronde l'orage ?



~



Lui l'homme de foi

qui a multiplié pains et poissons
pour nourrir la foule

qui a fait taire la tempête
et pacifié la houle

Qu'avez-vous à lui reprocher ?



~



Lui le témoin d'espérance

qui a remit en marche
les découragés

qui a redonné le sourire
aux pauvres

Qu'avez-vous à le condamner ?



~



Lui le Maître de l'amour

qui a guérit tant
de boiteux et de lépreux

qui a pardonné et fait refleurir
les coeurs en larme

Qu'avez-vous à l'insulter ?



~



Lui le porteur de Bonne Nouvelle

qui rend accessible à tous
la grâce de Dieu

qui laisse chacun libre
de l'écouter et de le suivre

Je ne trouve aucune raison
de la condamner



~



Le Verbe fait homme
garde le silence

Les pierres
ne crient pas

Seuls les oiseaux
chantent

Le Printemps est imminent





lundi 10 avril 2017

La Grâce suffit

Si tu es le Christ, dis-le nous.
Jésus leur répondit:
Si je vous le dis,
vous ne le croirez pas,
et si je vous interroge,
vous ne répondrez pas.

Luc 22, v. 67-68



Si la Parole pouvait suffire
Être seule force de vie
Évidence du sublime
Relever toute déception
Rompre toute illusion

Alors les angoisses
Les passions vibrantes
Les élans
Seraient au même diapason



~



Si la Parole pouvait suffire
Être puissance de changement
Dans les cœurs et les mots

Alors le soleil
Brillant sur bons et méchants
Pourrait perdre son éclat
Sans que la nuit se réveille



~



Si la Parole pouvait suffire
Être l'axiome promis

Alors les êtres n'auraient de choix
Que d'être réponse à la foi



~



Si la Grâce pouvait détruire
Être glaive des liens étroits

Alors la Parole incarnerait la Loi
Qui transforme ce qui peut
En ce qui est déjà




dimanche 9 avril 2017

Dans la main de Ton ciel



Que m’a bouche t’annonce
plutôt que de rester muette

Oui, que je puisse te chanter
comme le printemps te chante

Que je puisse m’émerveiller
comme les tout-petits

Comme la pâquerette ou la rose
qui s’ouvrent pour tous,
ton Amour Tu l’offres à chacun

Tu ne fais pas de distinction
Tu invites et Tu reçois tout le monde
Tu laisses chacun libre de venir ou pas

Aussi vaste que soit la terre
elle repose comme un fruit
dans la main de Ton ciel bleu

De génération en génération
Tu veilles et Tu contemples
les floraisons et les sécheresses

Tu aimes voir le printemps revenir
année après année

avec l’espérance qu’il puisse
s’enraciner petit à petit, toujours plus,
dans nos cœurs


Amen


- Inspiré du psaume 22




samedi 8 avril 2017

Réveil chagrin


Pierre répondit:

"Homme, je ne sais ce que tu dis"
Au même instant,
comme il parlait encore,
le coq chanta.


Luc 22, v. 60




C'était un simple murmure
Comme un refrain lancinant
Un éclat lucide
Vibrant d'émotion

L'évidence infuse
Charriant dans sa trace
Gestes et grimaces

Vagabondage intérieur

Premier chant



~



C'est un écho
Une onde familière
Qui remonte
Revient
Inonde

Parole étrangère
Dans l'hospitalier mystère

Tout s'éveille
S'illumine
Par ce fracas qui gronde

Errance de l'éclair

Deuxième chant



~



C'est un langage
Une grammaire insondable
Un élan de souffle
Dans des limites de soie

Soudain tout filtre
Tout passe
Le Verbe articule
La vérité diaphane

Métamorphose du corps
En vitrail sublime

Troisième chant



~



Voici le cri du coq
Perché sur sa botte
Sentinelle des ratures
Aiguilles perdues
Par trop de foin

Voici le cri du coq
Flambant sous sa crête
De ce feu qui rassure
Qui craquelle
Et fleurit les blessures

Voici le cri du coq
Veilleur de l'aurore
Son regard au lointain
Ramène l'horizon
Dans le coeur du prochain




vendredi 7 avril 2017

Embrassade amère


Jésus lui dit:
"Judas, est-ce en l'embrassant
que tu trahis le Fils de l'homme ?"


Luc 22, v.48



A peine
eu-t-Il
fini de prier

A peine
eu-t-Il
fini de parler

Judas le malheureux
choisi par le diable
est de retour

accompagné
par une foule

dont le bruit
fait taire
les étoiles



~



Judas s'avance
Judas s'approche

Peut-être
se souvient-il

de sa première rencontre
avec Lui

des nombreux moments
partagés ensemble


Peut-être
pense-t-il
tout simplement
à rien

perdu
dans le labyrinthe
de la nuit

guidé par cette force
qui ne vient pas
de lui



~



Ils se regardent
dans les yeux

lui le disciple
et Lui le Maître

cette fraction de seconde
est la plus longue du monde



~



Il s'approche encore
il l'embrasse
il le trahit



~



C'est par un geste d'amour
qu'il piège
Celui qui est Amour


Le malin
est à l'oeuvre



~



Le Maître
garde la tête haute

Il sait
sans vraiment savoir
ce qui l'attend

le pire est à venir
le meilleur aussi

et ça personne
en n'est conscient






jeudi 6 avril 2017

Entre les éléments

Après avoir prié,
il se releva et vint vers ses disciples,
qu'il trouva endormis de tristesse.

Luc 22, v. 45



Il se lève
Les genoux terreux
Encore marqués du trouble
De la terre

Il se lève
Les mains disjointes
Dans l'abandon fébrile
D'une prière craintive
D'un chant obéissant

Rien pour retenir
L'abandon du sol
Du palpitant fertile



~



Il est là
Debout
Affranchi de racines
Tenu par un fil

Il est là
Face à la vie
Dos à la peur

Son regard prend source
Dans le doute conquis
Ses rêves
Ses paroles
Ses désirs
Dans un souffle fleuri



~



Il les voit
Découvre une absence
Le frisson déçu
Parcourt son manteau
Sa prière tenace
Réchauffe
Brise la glace

Il les voit
Dérive dans ses larmes
Les leurs sont le flot
Qui déjà les noie

Le sommeil en pleurs
Alarme de malheur
Ses instants de grâce
Vont larguer leurs amarres
La somnolence efface
Ce réel qui trépasse



~



Il les aime
Incapable du contraire
Sa vraie compétence
La seule éternelle

Il les aime
Ses disciples maladroits
Noyés de tristesse
Assoiffés de tendresse

Tandis qu'il décroche
Cette passion qui retient
Ultime passe de la terre
Vers le ciel à genoux
Ses disciples se réveillent

Le feu de leur lanterne
Brillant de l'Esprit
Radeau gracieux
Sur les eaux immortelles




mercredi 5 avril 2017

Accompagné par le Tout

Puis Jésus leur dit:
"Quand je vous ai envoyés en mission
sans bourse, ni sac, ni chaussures,
avez-vous manqué de quelque chose ?
"De rien", répondirent-ils.

Luc 22, v.35




Faire de la place
pour laisser place
à l'extraordinaire de Dieu



~



Sur les chemins de Galilée

Sans chaussures
les pieds à même le sol

sentier de pierres, de terre ou de sable
sentier d'herbes, de feuilles ou de dalles

avancer avec la certitude
que c'est Toi seul
qui me porte



~



Sur les chemins de Galilée

Sans sac
le dos à l'air libre

fini le souci de savoir
si j'ai oublié quelque chose

sur les épaules
la charge la plus légère qui soi
le bagage de ma foi



~



Sur les chemins de Galilée

Sans bourse
les mains vides

mais avec un coeur
rempli d'amour

de quoi demain sera-t-il fait
des miracles d'aujourd'hui



~



Sur les chemins de Galilée

Nous n'avons manqué de rien
nous étions accompagné par le Tout



~



Nous n'avons manque de rien
mais tu étais là

si ce n'est pas à côté de nous
au moins dans les parages

qu'allons-nous faire sans toi ?


Si je dois partir
c'est pour mieux revenir

Si vous allez vous disperser
c'est pour mieux vous retrouver

J'étais là
et je le serai toujours

à travers votre foi
et chaque geste d'amour



~



Faire de la place
pour laisser place
au Printemps de Dieu





mardi 4 avril 2017

À l'ordre des mots

En effet, qui est le plus grand:
Celui qui est à table ou celui qui sert?
N'est-ce pas celui qui est à table?
Et moi cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.

Luc 22, v. 27




Vertige de la page bleue
Dans l'immensité tranquille
Quelques traces
Quelques lignes

Sillons nuageux
D'où germent
Certains signes



~



Vertige de la page verte
Dans le souffle chlorophylle
Quelques veines
Quelques courbes

Rainures végétales
D'où jaillissent
Certains mots
Fragments de sève
Prose de tourbe



~



Vertige de la page brune
Dans le repli sylvestre
Quelques rides
Quelques arêtes

Fissures d'écorces
D'où respire le bois
La chair tendre et fragile
Gravée d'histoire
Certaines graines
D'un réel hybride



~



Vertige du poète
Serviteur naïf
D'un langage échu

Le monde et l'environ
Dans sa nature précise
Offrent les contours
Où planter son crayon

Être serviteur
Pour ne pas perdre pied
Vibrer de cette grandeur
Héritière d'encrier

Le poète vagabonde
Dans une demeure engendrée
Au service d'une onde
Parole d'Éternité



lundi 3 avril 2017

Un ami à gauche, un ami à droite...

Il leur dit: "Combien j'ai désiré
prendre ce repas de la Pâque
avec vous avant de souffrir!"

Luc 22, v.15



Avant
l'ultime étape

prendre le temps
de s'arrêter

prendre le temps
de partager un repas

ensemble



~



Dans la chambre haute

toujours ici-bas sur terre
mais déjà un peu
dans le ciel

un avant-goût du Royaume



~



Le pain et le vin
fruits de la terre
et du travail de l'homme

Le blé de ces champs
parcourus et moissonnés

Le raisin de ces vignes
taillées et vendangées

Symboles peut-être
de ces vies et de ces coeurs
enracinés à nouveau
au passage du Seigneur



~



Etre ensemble
une dernière fois
avant l'épreuve finale

Se souvenir
du chemin parcouru

Celui de nos ancêtres
qui nous ont précédé
sur le chemin de la foi

Celui qui a été le notre
où jour après jour
nous avons fait refleurir
la Galilée



~



La Pâque du passé
celle de l'aujourd'hui
et celle des jours qui viennent
à laquelle on n'ose pas
vraiment y croire



~



Des repas
ils en ont partagé ensemble
à de multiples reprises

Pourtant celui-ci
à une saveur toute particulière

Celle d'un passage
d'une fin
d'un commencement




dimanche 2 avril 2017

Louange animale

Que mon chant soit discret
Un tendre murmure
Une goutte de parole
En transit ardu
De ma bouche
Vers la Source

Que mon chant soit saumon

~

Je vois le loup
Au pas glissant
Sur le furtif de nos peurs

Je vois le loup
Au cri déchirant
Le voile de la nuit
Vers un jour muet
Vers un repos sourd

Je suis le loup
Viens traquer mon écho

~

Je vois le lézard
Avide de soleil
Assoiffé de chaleur

Je vois le lézard
Sentinelle de nos murs
Ecoute de la pierre
Criant le reflet lointain
D'une ombre séculaire

Je suis le lézard
Viens embraser ma mémoire

~

Je vois le lombric
Dans ses galeries potagères
Son souterrain fertile

Je vois le lombric
Dans l'habitat ingrat
Loin des regards
Abrité du dégoût
Creusant son lit
Sa tombe et sa vie

Je suis le lombric
Viens m'extraire du mépris

~

Je vois le poussin
Nostalgique de son oeuf

Je vois le poussin
Contemplant son nid
Libre de son confort
Tenu par le risque
Sous la garde de l'aile
Essoufflant la détresse

Je suis le poussin
Viens nourrir ma quiétude

~

Je vois la proie
Des taureaux et des lions
Des cornes perforantes
Des crocs rugissants

Je vois la proie
En ses terreurs de fortune
Son corps raidi
Ses réflexes dissous
La réaction tarie
Dans le flot du danger

Je suis la proie
Des taureaux et des lion
Viens animer ma poussière

~

Je vois le cerbère
À la garde féroce

Je vois le cerbère
Prisonnier de sa ronde
Vigile malheureux
Des seuils connus et mystérieux
Aboyant au dehors
Pour maintenir au dedans

Je suis le cerbère
Viens brûler ma laisse

~

Je vois une parole
Fragile entre ses liens

Je vois une parole
Traversant loup
Lézard et poussin
Etreignant la proie
Le cerbère éteint

Je suis une parole
Viens éveiller
Mon désir de chanter


Inspiré du Psaume 22, v. 1-22

samedi 1 avril 2017

Vigilance

Alors Satan entra dans Judas, appelé Iscariote,
qui était l'un des douze disciples.

Luc 22, v.3




Autrefois
après quarante jours
dans le désert

Il n’avait
même pas
chancelé

face
aux assauts
du Tentateur

Ce dernier
avait soif
de vengeance



~



Et si
je m’attaquai
à l’un des siens

« Le Royaume est au milieu de vous »
aimait annoncer
l’homme de Nazareth

Je vais
lui montrer
que le Diviseur
y est aussi 



~



Lequel choisir
parmi les douze

le plus fragile
ou le plus fort

le plus timide
ou le plus exalté

le plus doux
ou le plus coriace

le plus généreux
ou le plus avare



~



Pauvre Judas
le sort est tombé sur toi

Celui que tu étais vraiment
personne ne s’en souviendra



~



Judas avait
peut-être
le cœur
si grand ouvert

que le Malin
en a profité
pour s’y faufiler



~



Ce fut lui
comme ça aurait pu
être toi ou moi

Vigilance et clairvoyance
sont de mises
à chaque pas

Prends garde
aux pièges
sur le chemin de foi



~



Si notre cœur
est une plate-bande

attention
aux mauvaises herbes
qui l’envahissent

un entretien quotidien
est nécessaire
pour voir fleurir les graines
de la foi, l’espérance et l’amour



~



Soyez sobres, veillez :
votre adversaire, le diable,
comme un lion rugissant,
rôde, cherchant qui dévorer.

1 Pierre 5, v.8